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dimanche 27 juillet 2014

Elégies (Eugène Guillevic)

J'avais épousé la branche du saule
Et bien entendu la plus mal venue.

Nous n'avons pas fait de ces longs voyages
À travers nuages
Vers un fond du ciel.

Mais je suis resté
Pendant des instant ou l'éternité
Comme l'eau dans l'eau.

— Et c'est maintenant qu'il faudrait savoir
Qui, sur le bord de la rivière,
Toucha son épouse, 
La branche du saule.

Si c'est encore celui qui souffre tellement
Dans tellement de paysages.
         *
Trop de brouillard
Pour trop de ciel et trop de vent.

Alors on cherche
Comme un métal qui se renfrogne

Ou bien l'oiseau qui préféra
Tourner en pierre

Et qui crierait,
Qui frapperait

Si on lui parlait bas
Du jour et de la nuit
Dehors, dans les espaces.
         *
À l'orée du bois peut-être de pins,
Dessus les rochers tout près d'éclater,

Qui donc au soleil peut ainsi chanter
Pendant plus d'un rêve

Et n'est pas oiseau
Ni tribu d'insectes ?

Qui chante à plein sol comment la lumière
A touché les corps ?

Rien, mais le soleil voyant l'avenir
Sur un champ d'avoine et sur un pré.
-
J'ai redécouvert Guillevic il y a un presque un mois en publiant un poème de Georg Trakl qu'il avait traduit, au gré d'une préface où il défendait avec feu et justesse la prééminence du poète pour traduire un poète, et comme je l'ai approuvé ! Sa poésie est sans façons, forte de ceux qu'elle nomme : arbre, saule, chemins, eau, toute matière est vie, toute vie peur et puissance et cette poésie là est d'une force sidérante.

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